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Habiter poétiquement le monde

  • Photo du rédacteur: Sandie Carissan
    Sandie Carissan
  • 10 févr.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 févr.


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Je chavire littéralement pour ces détails qui éveillent les sens et transforment l’ordinaire en poésie : l’association subtile des couleurs sur un coussin, l’odeur enveloppante d’une bougie parfumée, la douceur tamisée d’une lampe, ou encore le linge fraîchement lavé au néroli et à la fleur d’oranger. Ces petites choses, presque insignifiantes en apparence, insufflent une beauté discrète à notre quotidien. Elles donnent une âme aux espaces que nous habitons, les ancrant dans l’émotion et le ressenti.


Dans La poétique de l’espace, Gaston Bachelard explore cette relation intime et rêveuse que nous entretenons avec nos lieux de vie. Il ne voit pas l’espace comme une simple toile de fond, mais comme un acteur essentiel dans la construction de notre identité. Chaque recoin, chaque objet, chaque atmosphère devient une invitation au rêve, une projection de notre intériorité.


La maison

Pour Bachelard, la maison est bien plus qu’un abri fonctionnel. C’est un univers personnel où se tissent nos souvenirs, nos aspirations et nos rêveries. Son intimité nourrit notre être profond, offrant un refuge face au tumulte extérieur. Il peut s’agir d’une chambre secrète, d’un fauteuil près d’une fenêtre ou d’un coin paisible où l’on aime se retirer.

Mais la poésie des lieux ne se limite pas à l’intérieur de nos maisons. Les espaces extérieurs sont aussi des invitations à la rêverie. Une fenêtre ouverte sur le ciel, un jardin caressé par le vent, un paysage contemplé à l’aube : autant de portes qui s’ouvrent sur l’infini. Bachelard nous rappelle que le simple fait de lever les yeux vers un ciel étoilé peut réenchanter notre quotidien, éveiller en nous un sentiment d’évasion et raviver notre imagination.


Habiter poétiquement

L’auteur nous invite à ralentir, à regarder nos espaces autrement. Dans une société où tout s’accélère, habiter poétiquement signifie redécouvrir nos lieux de vie sous un prisme plus contemplatif. Un fauteuil baigné de lumière douce devient un sanctuaire de réflexion. L’odeur d’un savon aux notes délicates transforme la salle de bain en un cocon sensoriel. Un bouquet de fleurs posé sur une table suspend le temps, apportant une touche d’éphémère beauté.

Transformer le quotidien ne demande pas de grands bouleversements. Ce sont les gestes simples qui imprègnent nos espaces d’harmonie et de poésie :

  • Allumer des chandelles pour une lumière apaisante.

  • Placer des plantes pour insuffler de la vie.

  • Réserver un coin dédié à la lecture ou à la méditation.

  • Laisser entrer la lumière naturelle et l’air frais.

Ces attentions, bien que discrètes, donnent du relief à notre existence et rappellent que la beauté se niche dans les détails.


Une philosophie du quotidien

Habiter poétiquement, c’est finalement cultiver un art de vivre ; une opportunité de se reconnecter à soi et aux autres. Cette approche, inspirée par Bachelard, nous invite à ralentir et à redonner de l’éclat à notre quotidien.

En transformant nos espaces en sanctuaires de créativité, de contemplation et de lenteur, nous réenchantons notre rapport au monde. Nous renouons avec notre imagination et notre sensibilité, ces forces qui nous permettent de voir au-delà de l’ordinaire et d’insuffler à nos vies une beauté nouvelle.


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En arpentant les ruelles parisiennes, j’ai découvert la semaine dernière une boutique cachée au fond d’une cour : Maison NadYut, un véritable écrin de décoration. Leur slogan : "Faire de chez soi un endroit doux et inspirant". Cette découverte résonnait parfaitement avec la lecture de Bachelard et l'écriture de cet article. (39 rue de Charonne 75011 Paris, si vous souhaitez vous recharger en beautés ;))






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Bachelard, G. (1957). La poétique de l’espace. Paris : Presses Universitaires de France.


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