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L’éthique de la tendresse

  • Photo du rédacteur: Sandie Carissan
    Sandie Carissan
  • 20 oct.
  • 3 min de lecture
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Tendresse.


J’aime ce mot. Il me touche, il m’apaise, il me sécurise. Alors, pour commencer la semaine, j’ai envie de le mettre en lumière. Un mot que l’on ressent doux et discret, mais qui porte aussi en lui une force de transformation profonde. Un mot qui oriente notre manière d’être au monde par la présence, l’attention et le soin.


D’où vient la tendresse ?

Le mot tendresse vient du latin tener, qui signifie à la fois "tendre, délicat, souple". Mais il renvoie aussi à l’idée de tension orientée vers un relâchement : tendre une corde, non pour rompre, mais pour permettre la détente. La tendresse porte donc ce double mouvement : une attention fine qui se tend vers l’autre, puis s’ouvre, se relâche, pour accueillir. Elle évoque la capacité à rester accessible, à ressentir, à ne pas durcir son cœur. Elle crée un espace d’accueil où la relation peut se déployer dans la confiance


Pourquoi la mettre au centre aujourd’hui ?

Nous vivons à une époque accélérée : nos communications, nos décisions, nos attentes envers nous-mêmes. Cette vitesse, en apparence efficace, nous prive pourtant de la capacité à nous attarder, à éprouver, à être touchés. Le sociologue Hartmut Rosa parle de résonance : ce lien intime au monde qui nous rend vivants, et qui ne peut naître que dans un rythme qui respecte la profondeur.

La tendresse devient alors un acte fort.


La tendresse comme éthique

La tendresse n’est pas qu’un sentiment : c’est une orientation de vie. Une éthique, au sens antique du mot êthos, désigne une manière d’habiter le monde, une cohérence entre nos gestes, nos valeurs et notre présence. L’éthique de la tendresse consiste à choisir, délibérément, un rapport au vivant qui refuse la brutalité et la précipitation pour privilégier la justesse, le soin et la relation. Ce n’est donc pas une sensibilité fragile, mais une discipline intérieure. Une éthique qui nous rappelle que la douceur peut être ferme, que le soin peut être courageux, et que prendre le temps d’être présent est un acte profondément politique.


La force de la tendresse

Et si la vraie puissance consistait non pas à serrer les poings, mais à ouvrir et tendre les mains ? La tendresse est une fermeté douce qui protège, qui veille, qui choisit avec soin ce qu’elle accueille et ce qu’elle refuse. C’est un art d’être présent sans conquérir, d’agir sans violenter.


Elle transforme :

  • Notre rapport au présent

Montaigne écrivait : " Quand je danse, je danse ". La tendresse, c’est cela : habiter ce que l’on fait, sans se disperser. Ne pas en faire plus, mais faire plus vrai.

  • Nos lieux de vie

Habiter poétiquement n’est pas un luxe : c’est une manière de ralentir et de transformer nos espaces en refuges d’attention, où chaque objet, lumière, respiration devient source de beauté discrète.

  • Le soin du commun

La tendresse remet l’humain au centre. Elle rétablit la dignité comme principe fondateur de nos relations. Elle ouvre un espace où l’on prend soin du vivant, de soi, des autres, non par devoir, mais par reconnaissance de notre interdépendance.


Ce que Mouvement Otium explore depuis un an déjà, c’est exactement cela : réhabiliter un temps juste, un temps habité, un temps libéré de la tyrannie de l’utile pour devenir fécond. L’otium n’est pas un repli, c’est une reconquête. Il rend possible la tendresse car il nous rend disponibles au monde. Il nous permet de respirer, de ressentir, de relier.


Alors, pour commencer cette semaine, je choisis la tendresse comme guide. Non comme une parenthèse, mais comme une ligne de conduite. Non comme une émotion passagère, mais comme une manière de vivre tout de suite, avec beauté, avec humanité.


Et vous : quelle forme prendra votre premier geste de tendresse aujourd’hui ? Peut-être un mot qui réchauffe ? Un silence qui accueille ? Un regard qui enveloppe de douceur ?



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