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Le manque de temps : un mal contemporain

  • Photo du rédacteur: Sandie Carissan
    Sandie Carissan
  • 7 août
  • 3 min de lecture
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Dans cet article je souhaitais relayer une étude publiée par la Fondation Jean-Jaurès, en partenariat avec Arte et France Culture, autour de notre rapport au temps.


L’article, signé Antoine Bristielle, s’intitule "Manque de temps, mal du siècle ?" et fait suite à une enquête menée auprès de 30 000 personnes entre avril et septembre 2023, dans le cadre du festival « Et maintenant ? ».


Ce que cette enquête révèle…

  • 98 % des répondants préfèrent "avoir le temps" plutôt qu’une montre suisse (ref à Sarkozy ;)).
 Un chiffre presque caricatural, mais qui dit bien la chose : le temps est devenu la véritable richesse du XXIe siècle. Bien plus que l’argent ou la réussite professionnelle.


  • Les gens ne manquent pas d’envies : ils manquent de temps pour les vivre.
 Près de 60 % déclarent ne pas pouvoir faire ce qu’ils souhaitent pendant leur temps libre, d’abord par manque de temps, bien avant le manque d’argent.


  • La société va trop vite : seuls 2 % estiment qu’elle ne va pas assez vite.
Les autres expriment une soif de ralentir, que ce soit en "se mettant au vert" ou en se déconnectant des réseaux sociaux.


  • Le travail en cause : les actifs de 26 à 44 ans sont les plus nombreux à vouloir vivre cent ans plutôt qu’à 100 à l’heure.
 Ce désir de ralentir en pleine vie professionnelle traduit une forme de fatigue chronique face à des rythmes toujours plus effrénés.


La technologie : outil de gain ou perte de temps ?

Assez paradoxalement, ce sont les jeunes générations, pourtant nées avec le numérique, qui sont les plus critiques vis-à-vis de la technologie. 41 % des 18-25 ans estiment qu’elle leur fait perdre du temps, et plus des deux tiers associent les écrans à une forme d’isolement.

Loin d’être un facteur de libération, la technologie est de plus en plus perçue comme une contrainte déguisée, un piège qui grignote nos heures sans toujours offrir de contrepartie satisfaisante. Cette défiance s’explique aussi par une conscience écologique plus forte chez les jeunes, qui voient dans l’accélération technologique un facteur aggravant. En effet, les jeunes sont prêts à prendre le train plutôt que l’avion pour des raisons écologiques, même si cela prend plus de temps.



Repenser le travail et le temps libre

Le rapport pointe également une frustration au travail liée à un manque de sens (30 %) et à un rythme trop rapide (23 %), bien avant les questions de salaire.
 84 % des répondants se disent favorables à une semaine de 4 jours ou passer à la polyactivité choisie (être comptable le matin, fleuriste l’après-midi) ? Cette idée séduit une large majorité, notamment chez les 18-25 ans, qui sont près de 7 sur 10 à en exprimer l’envie.


Un temps libre pour grandir, s’accomplir… et s’engager

Lorsqu’on demande aux personnes comment elles utiliseraient un temps libre élargi, elles répondent :

- Pour voyager (48 %),

- Se consacrer à une passion (19 %),

- Se reconvertir (11 %),

- Ou s’impliquer dans une cause (8 %).


Et 61 % considèrent que leur accomplissement personnel passe d’abord par leur temps libre, et non par leur travail.


Cette étude nous montre que la société aspire à un temps de qualité. Le manque de temps n’est pas juste un inconfort passager, il est vécu comme une forme de pression constante, une dissonance entre nos rythmes intimes et ceux imposés par la société. Ce que les participants expriment, c’est le désir de ralentir pour mieux vivre, pour s’accomplir, pour apprendre, pour s’engager Et pour faire un pas de côté face à un modèle devenu insoutenable, pour soi comme pour la planète. Il ne s’agit pas de tout arrêter, mais d’inventer un autre tempo. Un temps plus choisi que subi. Un otium moderne.




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Source : Antoine Bristielle, « Manque de temps, mal du siècle ? », Fondation Jean-Jaurès, 2024.
🔗 Lire l'article original : jean-jaures.org/publication/manque-de-temps-mal-du-siecle

 
 
 

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