"Otium : un levier pour reprendre possession de notre cerveau disponible"
- Sandie Carissan
- 26 févr.
- 3 min de lecture

Le 13 février, j'ai assisté à la conférence "Otium : un levier pour reprendre possession de notre cerveau disponible", par Jean-Miguel Pire, dans le cadre du cycle " Ma Dose d'Otium" organisé par le CAMPUS Groupe AFD. Dans cet article, je vous présente un résumé ainsi que les idées clés de cette conférence.
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L’otium : un concept oublié, mais essentiel
Jean-Miguel Pire a rappelé que l’otium, issu du latin, désignait dans l’Antiquité un temps réservé à la pensée et à l’enrichissement intellectuel, en opposition au négoce (negotium, la négation de l’otium). Ce concept s’ancre encore plus loin, dans la Grèce antique, sous le terme Skholè, qui a donné naissance au mot « école ».
Pourtant, dans nos sociétés modernes, ce temps de recul a été éclipsé par une culture du divertissement instantané et du consumérisme. Aujourd’hui, notre temps libre est bien souvent monopolisé par les écrans et les sollicitations numériques, réduisant notre capacité à nous concentrer, à réfléchir en profondeur et à prendre du recul sur le monde qui nous entoure.
Un enjeu démocratique : reprendre le contrôle de notre attention
L’un des points marquants de la conférence a été la mise en lumière du lien entre l’otium et la démocratie. Selon Jean-Miguel Pire, la réflexion et la pensée critique ne sont pas un luxe, mais une nécessité pour le bon fonctionnement de nos sociétés. La captation de notre attention par les industries du numérique fragilise notre capacité de discernement, impacte notre rapport au savoir et, plus largement, notre rôle de citoyen éclairé.
Le conférencier a dénoncé un paradoxe : nous n’avons jamais eu autant de temps libre dans l’histoire, et pourtant nous avons le sentiment d’en manquer. Pourquoi ? Parce que ce temps est saturé de distractions immédiates, empêchant la contemplation, l’approfondissement des idées et la construction d’un esprit critique.
Comment retrouver l’esprit de l’otium ?
Jean-Miguel Pire a insisté sur l’importance de redonner du sens à notre temps libre. Il a proposé plusieurs pistes concrètes pour réhabiliter l’otium dans notre quotidien lors du temps des questions / réponses :
Créer des espaces et des rituels d’otium : Que ce soit à travers la lecture, la méditation, l’écriture ou la discussion, il s’agit d’intégrer volontairement des moments de réflexion dans nos journées.
Développer des initiatives collectives : Dans certains collèges, une demi-heure de lecture hebdomadaire est instaurée, impliquant élèves, enseignants et personnel administratif, favorisant ainsi un temps partagé d’otium.
Introduire l’otium en entreprise : Il a évoqué l’idée de bulles de temps dédiées à la réflexion désintéressée au sein du monde du travail, permettant d’échapper au rythme effréné de la productivité.
Réapprendre à s’ennuyer intelligemment : À l’inverse du divertissement passif, l’otium nous invite à un usage enrichissant du temps libre, favorisant le discernement, l’imagination et l’empathie.
Vers un changement culturel ?
L’ambition portée par ce cycle de conférences est claire : replacer l’otium au cœur de notre société et en faire une habitude ancrée dans notre langage et notre quotidien. Jean-Miguel Pire a conclu en exprimant un souhait : voir émerger une nouvelle manière de parler du temps libre, jusqu’à ce qu’il devienne naturel de dire « J’ai otium », comme une évidence, un droit et une nécessité.
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La prochaine conference du cycle "une dose d'otium" aura lieu le 6 mars 2025.
Voici davantage d'informations : https://campus.groupe-afd.fr/2025/01/30/ma-dose-dotium-un-cycle-de-conferences-ouvert-a-tous/




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