The Artist is Present

En 2017, j’ai découvert Marina Abramović à travers le documentaire The Artist is Present (2012), et j’ai été profondément fascinée par cette artiste. Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de sa performance emblématique, qui résonne intensément avec les thématiques qui me passionnent.

En 2010, Marina Abramović a marqué l’histoire de l’art contemporain avec The Artist is Present, une performance qui a repoussé les limites de l’endurance physique et émotionnelle. Présentée au Musée d'Art Moderne (MoMA) de New York, cette œuvre a créé une connexion unique et intime entre l’artiste et son public, tout en interrogeant la notion même de présence humaine.

Le concept de la performance

Pendant trois mois, Abramović a passé chaque jour, durant les heures d’ouverture du musée, assise sur une chaise, immobile et silencieuse, face à un siège vide. Les visiteurs étaient invités à s’asseoir en face d’elle, à leur tour, et à partager un moment de regard mutuel. Sans parler, sans bouger, la seule interaction était celle des yeux, dans un espace dépouillé de distractions.

Cette performance de 736 heures et 30 minutes a attiré des milliers de visiteurs et suscité une forte émotion. Certains participants ont pleuré, d'autres ont ri, et beaucoup ont décrit l’expérience comme profondément transformative.

Le message derrière l'œuvre

Abramović a voulu explorer des thèmes universels tels que la vulnérabilité, la connexion humaine, et la présence. L’idée principale était de questionner ce que signifie être véritablement "présent" dans un monde saturé de distractions technologiques et d’interactions multiples. Dans le documentaire l'artiste dévoile plusieurs messages clés :

• La connexion humaine et la présence : Abramović a expliqué qu'elle cherchait à explorer ce que signifie être pleinement présent, dans un monde où les interactions humaines sont souvent fragmentées par la technologie ou les distractions. Dans cette performance, l’absence de paroles et de mouvements ramenait l’expérience à sa forme la plus pure : être ici et maintenant.

• L’intensité du regard : Elle a souvent souligné dans ses travaux la puissance de la communication non verbale. Elle a décrit le regard comme une façon de « toucher » l’âme de l’autre, d’où la profondeur émotionnelle ressentie par de nombreux participants. Une communication brute et honnête.

• L’endurance : Endurer la douleur, le temps, et le vide est une constante dans son œuvre. Cette performance est une extension de ses explorations antérieures sur les limites du corps et de l’esprit, tout en invitant les participants à réfléchir à leurs propres limites.

• Le miroir émotionnel : Marina Abramović a exprimé l’idée qu’elle devenait un

  « espace vide », permettant aux visiteurs de projeter leurs émotions et leurs expériences sur elle. Cela a conduit à des réactions très variées, allant de la joie aux larmes, mettant en évidence le caractère profondément personnel et universel de l’expérience.

Un écho aux valeurs du Mouvement Otium

L’expérience de Marina Abramović dans The Artist is Present entre en résonance profonde avec les valeurs du Mouvement Otium. Son invitation à ralentir, à être pleinement présent, et à créer un espace de réflexion au-delà des distractions du quotidien reflète l’essence même de l’otium.

Face à l’artiste, chaque participant a été confronté à l'opportunité de s’arrêter, d’habiter l’instant, et de se reconnecter à une forme d’intimité avec soi-même et avec autrui. C’est précisément ce que le Mouvement Otium encourage : s’accorder du temps pour explorer nos émotions, nos pensées, et nos priorités.

À travers son endurance et sa vulnérabilité, Marina Abramović transcende l’inconfort de l’immobilité et du silence. Sa démarche, profondément introspective, agit comme un miroir tendu à chacun, nous invitant à explorer nos propres capacités et à interroger notre rapport à la présence.

En ce sens, The Artist is Present devient bien plus qu’une performance artistique : c’est une méditation sur l’existence humaine, qui inspire à cultiver cette pause précieuse, ce temps pour soi, si cher aux valeurs du Mouvement Otium.