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Voir autrement avec le peintre David Hockney

  • Photo du rédacteur: Sandie Carissan
    Sandie Carissan
  • 2 juil.
  • 3 min de lecture

Il y a quelques semaines je suis allée à la Fondation Louis Vuitton pour voir l’exposition consacrée à David Hockney. J'ai découvert ses piscines californiennes, ses portraits très posés. Mais ce qui m’a vraiment frappée, c’est sa manière de peindre les paysages.


Hockney a traversé plusieurs périodes : ses débuts en Angleterre, son grand départ pour la Californie dans les années 1960, puis un retour au Yorkshire dans les années 2000, et enfin un travail plus récent sur iPad, très libre et coloré (que j'ai adooooré !). Toutes ces étapes montrent un artiste en mouvement, toujours en train d’explorer ce que signifie "voir".

Mais ce dont j’ai envie de parler ici, c’est sa capacité à rendre visible ce qu’on ne voit plus.


Les routes violettes

Devant certaines de ses toiles, je suis restée "scotchée" Une route de campagne anglaise, que n’importe qui aurait peinte en gris, devient chez lui violette. Le ciel est rose, les haies sont bleues, l’herbe presque fluorescente. Rien n’est réaliste au sens classique, mais tout est incroyablement vrai. Il ne peint pas la photo d’un paysage. Il peint la sensation d’être là, le regard attentif, celui qu’on a quand on prend enfin le temps de voir.

Cette couleur violette sur la route m’a marquée. C’est un détail, et en même temps c'est tout ce qui m'a touchée dans son œuvre : ce n’est pas la réalité brute qui compte, c’est comment on la perçoit. Hockney nous montre que même une route sombre peut contenir de la lumière.



Le paysage comme mouvement intérieur

Ses paysages sont rarement figés. Les routes tournent, montent, ondulent. Il y a du mouvement, mais aussi une grande stabilité. On sent qu’il connaît ces lieux, qu’il les a regardés des dizaines de fois, qu’il les peint de mémoire mais aussi d’intuition. Les couleurs sont vives, souvent presque irréelles, mais elles traduisent une intensité du regard.

Hockney parle beaucoup de "voir autrement". Et c’est exactement ce qu’il fait : il nous réapprend à regarder, à contempler. Là où nous passons sans prêter attention, lui s’arrête. Il observe les ombres, les reflets, les virages. Et il les transforme. Pas pour embellir, mais pour faire ressentir.



L’héritage californien

Dans ses années californiennes, Hockney peint des piscines, des maisons modernes, des lignes droites, une lumière presque crue. Et pourtant, même là, il ralentit le regard. Il peint un plongeon suspendu, un carrelage tremblant sous l’eau. Cette période lui a appris la lumière et la liberté des couleurs, et on la sent encore dans ses paysages anglais plus tardifs.


David Hockney - "A Bigger Splash" (1967)
David Hockney - "A Bigger Splash" (1967)

Un regard sincère

Ce qui m’a touchée, au fond, c’est la sincérité de son regard. Il ne cherche pas à faire joli. Il ne peint pas ce qu’on attend. Il montre ce qu’il voit, avec toute la subjectivité que cela implique. Et c’est ce qui rend ses paysages si vivants. On a l’impression qu’ils respirent, qu’ils palpitent. Il y a là une vraie sensibilité, quelque chose de très humain.


En sortant de l’exposition, j'ai vu le violet sur la route grise remplie de gravillons, je me suis dit "oh mais c'est vrai qu'il y a du violet !". Comme si Hockney m’avait prêté ses yeux pour un moment.


C’est peut-être ça, la force de son art : nous réapprendre à regarder ce qu’on croyait déjà connaître. À redécouvrir le monde, verrais-je cet hiver un chemin violet et un ciel rose après la pluie...



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